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Une biodiversité planétaire en déclin

Le 13 octobre dernier sortait le rapport « Planète Vivante » du World Wide Fund for Nature (WWF). Ce dernier analyse l’impact de l’Homme sur notre planète en mesurant l’état de la biodiversité dans le monde. Le constat est alarmant : en 50 ans les populations d’animaux sauvages ont chuté de 69%, malheureusement ce chiffre s’accroît d’année en année.


 

Par ses actions et inactions, l’Humanité a provoqué une double crise mondiale de l’environnement. Le réchauffement climatique et la perte de la biodiversité sont deux urgences environnementales dont la prise de conscience doit permettre de favoriser le déploiement de solutions. Ces deux problèmes sont indissociables et même intimement liés.

La biodiversité désigne la diversité des formes vie sur Terre ainsi que les écosystèmes accueillant ces êtres vivants. Elle comprend toutes les interactions de ceux-ci à tous les niveaux d’échelles. De nombreux écosystèmes fournissent des services essentiels à notre bien-être collectif, ils permettent de réguler le climat en créant un équilibre à la base de la vie sur Terre. La biodiversité et tout ce qu’elle englobe sont donc indispensables au bon fonctionnement de notre planète.




Le dérèglement climatique et ses impacts


Ces dernières années, des facteurs comme l’augmentation de la population mondiale ou encore le commerce international ont entraîné le développement d’actes répréhensibles. Ce sont par exemple la surexploitation des ressources naturelles (végétales ou animales), les modifications d’utilisation des terres et des mers, ou encore les pollutions. Ces actions sont d’ailleurs les principales causes de la dégradation des écosystèmes, mais qu’ils soient marins, terrestres ou d’eaux douces, le résultat est sans appel, les êtres vivants habitants ces biotopes sont impactés et en grande partie en danger. Selon le rapport Planète Vivante 2022 du WWF, près d’un million de plantes et d’animaux sont menacés d’extinction : 68% d’oiseaux, de mammifères, d’amphibiens, de reptiles et de poissons ont déjà disparus. Au sein même des populations, l’abondance est en chute, de même que la diversité génétique.

Au niveau climatique, depuis l’époque préindustrielle, nous observons une augmentation des températures de 1,2°C. Mais ce n’est pas le principal facteur de la perte la biodiversité mondiale. Pour autant, si ce réchauffement n’est pas limité à 2°C voire 1,5°C il le deviendra. Les coraux sont un très bel exemple illustratif, en effet, 50% des coraux d’eau chaude ont déjà disparu, une élévation des températures à 1,5°C entraînera la perte de 70% à 90% de ces derniers et une hausse à 2°C causera la dégénérescence de 99% des coraux.


Le changement climatique modifie le monde et provoque des épisodes de mortalités massives comme les premières extinctions d’espèces. C’est le cas du crapaud doré éteint depuis 1989. Mais, à l’inverse, d’autres espèces n’en souffrent pas et tirent leur épingle du jeu, comme les papillons de nuit qui survivent mieux aux hivers plus doux.




De la même manière, le fonctionnement des écosystèmes et des processus écologiques subissent les répercussions du changement climatique. Cela engendre une boucle sans fin, car ils provoquent eux-mêmes un réchauffement accru. Ce phénomène génère une intensification de l’effet initial : on parle de rétroaction positive. C’est le cas du pergélisol, qui en dégelant, libère dans l’atmosphère une importante quantité de dioxyde de carbone et de méthane. Ces mêmes gaz à effet de serre qui contribuent à aggraver les températures... et donc le dégel de ces sols.

Le dérèglement climatique et le déclin de la biodiversité ne sont pas seulement des questions environnementales, ils sous-tendent des difficultés d’ordre économiques, sociales et éthiques. Si les pays les plus développés sont responsables de la plupart des dégradations environnementales, ce sont les pays les plus pauvres les plus impactés. C’est pourquoi, ces urgences doivent être traitées conjointement au travers des 17 objectifs du développement durable (ODD) des Nations Unis. Ces ODD ont pour vocation de « transformer le monde en éradiquant la pauvreté et les inégalités, en assurant une transition écologique et solidaire à l’horizon 2030 » [1]


En voici quelques exemples :

  • ODD2 : éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir une agriculture durable

  • ODD6 : garantir l’accès de tous à l’eau et à l’assainissement et assurer une gestion durable des ressources en eau

  • ODD14 : conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable

  • ODD15 : préserver et restaurer les écosystèmes terrestres


Ainsi, si nous ne mettons pas en place des systèmes de conservation et de restauration de la biodiversité et si – conjointement - nous ne limitons pas le changement climatique, pratiquement aucun des ODD ne pourra être atteint.




Les mangroves, cet écosystème de forêts de marais maritimes unique, en est une parfaite illustration. Elles constituent un réservoir de biodiversité colossal et permettent à des communautés côtières de pourvoir à leurs besoins. Ce sont de véritables sources de revenus pour les communautés qui en dépendant avec la pêche et le tourisme. Parallèlement, les mangroves sont une clé dite naturelle face au changement climatique. Elles favorisent son atténuation en étant des puits de « carbone bleu » [2] correspondant au carbone atmosphérique séquestré dans ces écosystèmes.



Quels paramètres pour mesurer la biodiversité ?


Nous sommes largement dépendants de la biodiversité, mais de nombreux voyants sont au rouge, notamment ceux concernant le vivant, massivement en déclin. Un certain nombre d’indicateurs nous révèlent cette baisse. C’est le cas de l’Indice Planète Vivante 2022 mondial qui dévoile un « écroulement de 69% en moyenne de l’abondance relative des populations d’animaux sauvages suivies entre 1970 et 2018 ». [3]

Qu’est-ce que l’indice planète vivante ? Il s’agit d’un indicateur d’état de la biodiversité mondiale. Cet outil suit l’évolution de l’abondance relative des populations d’espèces sauvages comme les mammifères, oiseaux, poissons, reptiles et amphibiens au cours du temps. Il est défini en calculant une tendance moyenne pour des dizaines de milliers de populations de vertébrés. Ces communautés illustrent parfaitement les changements dans un écosystème donné. En effet, un déclin de leur abondance est un indicateur d’alerte précoce de la santé globale de l’écosystème.

Cependant, l’évolution de la biodiversité est inégale entre les différentes régions du globe. Pour exemple, l’indicateur en Amérique du Nord affiche une perte de 20% alors que celui de l’Amérique Latine et des Caraïbes dévoile une perte de 94%. Il existe des différences dans les courbes d’abondance entre les parties du monde, mais les plus fortes diminutions sont observées dans les zones tropicales.

Par ailleurs, les populations d’eau douce ont été les plus durement touchées. En moyenne, une baisse de 83% a été observée ce qui confirme les résultats présentés dans les précédents rapports du WWF.


De la même façon, l’abondance mondiale des requins et des raies océaniques a diminué de 71%. L’une des principales raisons étant les fortes pressions de sélections exercées par la pêche qui ont été multipliées par 18 depuis 1970. Alors que malheureusement, comme beaucoup d’autres cas, les requins et les raies sont fondamentaux pour la santé de nos océans. Ils ont par exemple un rôle sur le phytoplancton (plantes marines microscopiques) dont ils aident le développement, simplement en naviguant dans les profondeurs de l’océan [4]. En plongeant pour se nourrir et remontant pour déféquer, ils ramènent des éléments essentiels pour le développement du phytoplancton, qui rappelons–le est à la base de la moitié de l’oxygène sur Terre.

En parallèle, un autre indicateur : l’indice d’intégrité de la biodiversité évalue la part de la biodiversité naturelle subsistant dans une zone. Cette évaluation permet ainsi de comprendre les changements passés, actuels et futurs de la nature. Ce dernier varie de 100% à 0% : 100% correspondant à un environnement naturel intact avec une empreinte anthropique faible ou inexistante. Il est ainsi considéré que pour un indice égal ou supérieur à 90%, le secteur étudié possède une diversité suffisante pour former un écosystème résistant et fonctionnel. Alors qu’à l’inverse, s’il est inférieur à 90%, la perte de biodiversité impacte le bon fonctionnement de l’écosystème. Dans les cas les plus extrêmes, lorsqu’il est inférieur à 30%, la zone est considérée comme très appauvrie en biodiversité et l’écosystème en danger critique.


Ce rapport publié par le WWF, fait office d’état des lieux de notre situation actuelle. Il se base sur des études scientifiques du monde entier en faisant référence à 193 ouvrages compilées par 89 auteurs. En compilant de nombreuses données, provenant de la Terre entière, cela lui permet d’être précis et riche sur l’état de notre planète. Il est alarmiste, mais se veut le reflet de la réalité actuelle sur les écosystèmes. Nous sommes à la limite du point de bascule qui sera irréversible.


L'édition 2022 du Rapport Planète Vivante confirme l’ampleur des crises que nous traversons et même si aucune solution miracle n'existe, elle conforte aussi l’idée que nous avons encore la possibilité d'agir.




 


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