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Et si le “monde d’après” était celui de la solidarité écologique ?

Dernière mise à jour : 12 juin 2020

Cet article est rédigé sur la base de deux sources citées en bas de page : le livret La solidarité écologique illustrée réalisé par Raphaël Mathevet et Coline Therville, et la tribune “Le temps de la solidarité écologique est venu” parue dans Libération le 7 mai 2020 et signée par plusieurs scientifiques.


Pendant le confinement, nous avons souvent entendu parler du “monde d’après”. Vous êtes-vous posé la question de ce que vous souhaitiez pour ce monde d’après ? Et comment le construire ? Depuis quelques années, des scientifiques proposent d’élargir notre conscience du monde dans lequel nous vivons, de nos liens aux humains et à la nature, et des conséquences de nos actes et de nos choix au quotidien. Mieux informés sur les interconnexions qui existent avec le vivant, nous serions alors plus aptes à faire des choix favorisant le bien-vivre de tous. Et si un monde post-confinement, c’était un monde plus solidaire, avec les hommes et avec la nature ? Plongée dans un concept qui offre des pistes de changement positif et général : la solidarité écologique.



La solidarité écologique : une conscience de nos interdépendances


La solidarité écologique rassemble deux termes que nous avons peu l’habitude d’associer. D’un côté, le mot solidarité, souvent considéré uniquement pour les relations entre humains, notamment envers nos proches. Mais ne pouvons-nous pas être solidaires avec l’ensemble de l’humanité, et même plus largement avec l’ensemble du vivant (animaux, végétaux, insectes, bactéries…) ? De l’autre côté, le mot “écologie”, souvent accolé à celui de nature, dans le sens “ce qui est distinct de ce qui concerne l’humain”. Pourtant, l’éco- (= la maison) -logie (= la science, le discours) est “la science du vivant”, et donc aussi des hommes.


Ainsi, la solidarité écologique propose d’adopter une vision des choses plus globale, et de prendre conscience d’une idée fondamentale : notre monde est construit sur un système d'interdépendances. Il existe des interdépendances entre les milieux, les écosystèmes, mais aussi entre les êtres humains, et enfin des interdépendances entre les hommes et le reste du vivant. Chacun de ces liens a une grande valeur, car il permet de préserver l’équilibre de notre planète. Tout être vivant, tout écosystème a sa place et son rôle à jouer. En respectant cet équilibre, il est possible pour tous de bien vivre, durablement.


Extrait du livret La solidarité écologique illustrée, par Raphaël Mathevet et Coline Therville

Pourquoi est-il important d’en prendre conscience ?


Si cette notion est aujourd’hui centrale, c’est parce que notre monde n’a jamais été aussi interconnecté (via internet mais aussi via les flux de personnes, de produits, etc.) et donc que chacune de nos décisions a un impact sur le reste du monde : nous-mêmes, les autres humains, notre environnement, la nature. Ces impacts sont d’ordres variés (économique, social, écologique…) et à diverses échelles (du local au mondial).


Un exemple concret : la pollution due au plastique. Combien d’images ont montré que les courants marins charrient des déchets (pailles, bouteilles en plastique, coton-tige…) sur des milliers de kilomètres avant de se retrouver entassés dans certaines mers et océans à l’autre bout du monde, asphyxiant les animaux marins, mettant en danger la pêche locale et la vie des êtres vivants alentour ?


Extrait du livret La solidarité écologique illustrée, par Raphaël Mathevet et Coline Therville.

La crise due au COVID-19 est un autre exemple fort de cette interdépendance. Elle a entraîné de graves conséquences sanitaires et économiques partout dans le monde, alors que nous vivons déjà depuis de nombreuses années une crise écologique majeure : changement climatique, érosion de la biodiversité, pollution de l’air, des sols, des eaux, etc. Mais elle révèle également une crise sociale : perte de sens, perte de lien avec les autres et perte de lien avec la nature. Ce basculement dans un monde où chacun est replié sur lui-même rappelle à quel point l’équilibre planétaire est fragile et dépendant de nos modes de vie, et combien nos choix peuvent avoir un impact plus général.


C’est pourquoi dans une tribune parue dans Libération, des scientifiques ont proposé de mettre en place un nouveau contrat avec la nature. Un contrat de solidarité, un contrat de responsabilité individuelle et collective.



Solidarité = co-responsabilité


La solidarité écologique nous rappelle en effet une chose essentielle : nous avons une co-responsabilité dans le bien-être global du vivant, humains et non-humains compris. Comme le dit Mark Manson, si une célèbre phrase dans le film Spider-Man nous dit qu’un “grand pouvoir implique des grandes responsabilités”, nous pouvons aussi voir les choses dans l’autre sens, et nous rappeler “qu’une grande responsabilité implique un grand pouvoir. Plus [nous choisissons] d’assumer la responsabilité de [notre] vie, plus le pouvoir que [nous exerçons] sur elle est important.” C’est exactement le principe de base de la solidarité écologique.

Extrait du livret La solidarité écologique illustrée, par Raphaël Mathevet et Coline Therville.

En puisant à outrance dans les ressources naturelles, en érodant la biodiversité, en utilisant toujours plus d’énergie pour nos technologies, plus d’espaces pour nos infrastructures et, par conséquent, en dégradant les conditions de vie d’autres êtres vivants, nous creusons ce que les scientifiques appellent la dette écologique. Ainsi, nous empruntons toujours plus à la nature, sans possibilité de la rembourser. Cependant, il est possible de limiter cette dette. C’est là que la solidarité écologique nous aide, grâce à 3 points :

  • Prendre conscience des liens qui nous relient aux autres et à la nature, et du fait que chacun de nous est dépendant.e de tout ce qui l’entoure

  • Élargir notre environnement, c’est-à-dire réaliser que le monde ne s’arrête pas à notre environnement direct, à notre vision des choses, mais qu’il est bien plus vaste et contrasté (variété de paysages, de modes de vie, de façons d’être, de besoins…)

  • Penser nos actes et leurs conséquences, car tous nos choix sont importants dans la mesure où ils impactent le reste de la planète (par exemple, lire cet article requiert d’avoir un appareil électronique qui a demandé des ressources pour être produit, comme des métaux rares. Où et comment ont-ils été extraits ? Cet appareil a également besoin d’énergie pour fonctionner. Comment est-elle produite ? Quels impact cela peut-il avoir sur d’autres vies ?)


Extrait du livret La solidarité écologique illustrée, par Raphaël Mathevet et Coline Therville.

L’idée de la solidarité écologique est que plus nous nous questionnons sur la façon dont notre monde (politique, économique, social, écologique) fonctionne, plus nous le comprenons, et plus nous sommes capables de prendre des décisions justes pour le bien-être de tous les écosystèmes et des êtres vivants qui les peuplent.


La période que nous traversons est une formidable occasion de nous retrousser les manches et de collaborer pour construire “le monde d’après”. Car le pragmatisme, l’action, l’intelligence collective sont les outils qui nous permettront de lutter contre ce que les scientifiques et nombre d’autres acteurs identifient comme nos plus grands ennemis communs : l’indifférence et l’inaction. Il ne s’agit pas uniquement de protéger notre planète, mais aussi nos relations humaines et éthiques afin de lutter contre les inégalités et les injustices.



Bonne nouvelle : le monde d’après est déjà en construction


Afin de construire ce monde meilleur, les scientifiques rappellent dans leur tribune qu’il est essentiel de se poser 2 questions (individuellement et collectivement) :

  • Quelle nature je veux ?

  • Quel développement je veux ?


Plusieurs acteurs tentent déjà d’y répondre en agissant pour construire un monde où la solidarité est à la fois écologique, sociale et économique. Associations, coopératives, rassemblements citoyens, etc. œuvrent à la mise en place d’un quotidien où l’entraide, la consommation raisonnée, le circulaire sont les piliers d’un mieux-vivre individuel et collectif. C’est ce que l’on appelle la démocratie écologique et sociale. Ce mode de gouvernance permet de valoriser une autre vision du monde, de la consommation et du bien-être, en redonnant du sens à nos actes, à nos relations aux autres et à la nature, aux lieux que nous habitons.


Extrait du livret La solidarité écologique illustrée, par Raphaël Mathevet et Coline Therville.

Ces initiatives nous rappellent que dans notre quotidien, à tous les niveaux, nous pouvons agir pour rétablir un équilibre global : quand nous mangeons, quand nous nous déplaçons, nous divertissons, nous habillons, nous éclairons, nous chauffons, quand nous choisissons notre lieu de vie, etc. L’important finalement, ce n’est pas tellement “le monde d’après/ le monde de demain”. Nous avons à disposition les outils pour construire le monde d’aujourd’hui. Un monde en pleine (r)évolution qui ne demande qu’à trouver de nouveaux bâtisseurs pour s’épanouir, et contribuer au bien-être général.

Alors, vous nous rejoignez ?


Extrait du livret La solidarité écologique illustrée, par Raphaël Mathevet et Coline Therville.

VOUS SOUHAITEZ EN SAVOIR PLUS ?


Livret pédagogique La solidarité écologique illustrée, Raphaël Mathevet, Coline Therville

Pour mieux cerner cette notion de solidarité écologique, nous vous invitons à consulter ce livret réalisé par Raphaël Mathevet, scientifique et Coline Therville, illustratrice. Il vous permettra, à travers des exemples concrets et des illustrations, de bien comprendre ce concept. Facile à lire, il peut être partagé avec des enfants afin de les sensibiliser à ces questions.


Les auteurs :

  • Raphaël Mathevet est directeur de recherche CNRS au sein du Centre d’écologie fonctionnelle et évolutive. Ses sujets de recherche sont entre autres la solidarité écologique, la conservation de la biodiversité, les relations que nous entretenons avec la nature.

  • Coline Therville est chargée de communication et illustratrice, notamment dans les domaines scientifiques et culturels.


Tribune dans Libération


Livre/Essai


Notre époque connaît une phase d'épuisement des ressources naturelles, d'altération de nos liens à la nature, de déficit de relations sociales, de perte de sens au sujet de notre "être au monde". Nous ne pensons plus nos interdépendances, c'est-à-dire que nous ne vivons plus nos solidarités écologiques. Si nous voulons nous sauver nous-mêmes, il nous faut les reconsidérer, revisiter notre rapport aux humains et aux non-humains et les prendre en compte dans notre relation au monde.


Nous tenons à remercier chaleureusement Raphaël Mathevet pour son aide dans la rédaction de cet article et pour nous avoir permis de partager ces supports d’information et de sensibilisation.



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